Pour ses dessins et ses gravures, Camille Dufour utilise comme matrice de lourdes planches en chêne de deux mètres de long. Une fois encrées, elles viennent se coucher avec force sur de grandes feuilles de papier. Dans ce travail très physique, Camille s’épuise autant qu’elle épuise l’encre sur le papier. Suspendues au plafond par un seul point, les feuilles s’enroulent délicatement en formant des cônes, dévoilent un recto et un verso de ce qu’elle a gravé : des empreintes écologiques, mémorielles, politiques. « Après nous le déluge », pointe l’urgence des menaces qui pèsent sur la biodiversité à l’ère de l’anthropocène. Alors que les dessins d’espèces en voie d’extinction disparaissent lentement de feuille en feuille, les traces de savon laissées lors du travail d’impression redessinent une cicatrisation impossible. Cette fresque monumentale déployée devant nous, construit une mémoire du vivant et en appelle à notre responsabilité individuelle et collective.
L’exposition a été réalisée avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Commune d’Ixelles avec la résidence Kult KL.
